"La lecture d'un journal sur un cahier garde toute sa fraîcheur" écrit
Philippe Lejeune, le spécialiste du "journal personnel". Il ajoute, "Ce n'est pas le cas quand le journal est imprimé et devient un
livre".
J'en suis bien consciente! La preuve: A gauche, un fac-similé d'une page du journal d'Ariane
(cahier n°16, intitulé "Pop Corn"). Elle avait 15
ans.
En voici la transcription littérale:
- Mardi 12 octobre 1982 - Je suis triste, triste. C'est franchement par vagues. Généralement, je suis en dépression quand j'ai eu une mauvaise note injustifiée. C'est comme un coup au coeur. J'ai terriblement envie de pleurer. Je trépigne. Ça m'énerve à un point dingue. Sinon c'est le dimanche ou le mercredi (la reprise des cours).
- Je suis énervée. J'aimerais tout casser, mais je me sens tellement faible.
On le voit: l'image d'un côté, la transcription de l'autre, c'est tout autre chose! C'est vrai: un journal intime est souvent répétitif, mal écrit, sauf s'il est écrit par un écrivain célèbre qui compte bien le publier pour sa postérité et qui "travaille son style". Alors, forcément, pour présenter le "tapuscrit" d'un journal à un éditeur... on gomme les faiblesses de style, les naïvetés, les répétitions... Un brin de toilette, un brin de censure...
Voilà les questions que je me pose pour le journal d'Ariane qui n'avait pas envisagé de le publier mais le considérait comme quelque chose d'unique, d'exceptionnel, et dont la publicaton en 1987 (Belfond) et 1988 (J'ai lu") est aujourd'hui - hélas - "épuisée". Le livre, qui s'appelait : "La flambe, journal intime d'une jeune fille" était pourtant fidèle à ce qu'avait écrit Ariane...
Aujourd'hui, vais-je me permettre une "remise en forme" ou garder "le premier jet" avec une multitude de fac-similés, histoire de prouver que ce qui est écrit est authentique? Ça en vaudrait la peine... Mais à quel prix!!! Quel éditeur s'y risquerait...
Pour celles et ceux qui prépareront le Bac l'année prochaine et pour les autres que le "journal intime" et son origine intéressent, je vous invite à regarder le site de Philippe Lejeune (lien) qui a découvert et lu intégralement le journal d'Ariane et sur lequel il a fait de nombreuses études et conférences. Il est même, petite anecdote, à l'origine du site Ariane Grimm, c'est tout dire!
Gisèle Grimm, la transcriptrice