Lundi 26 juillet 1982 -
Le truc le plus mal qui pouvait arriver arriva: je me suis engueulée à mort avec Richard (père d'Ariane). Voilà: j'étais peinard en train de bouquiner quand j'entends un bruit terrible de verres cassés... de «flack!»... Richard avait renversé la poubelle! Comme ses chiens, nous nous sommes amenés, Mathias (petit frère d'Ariane) et moi, pour tout ramasser. Je dis comme ses chiens car si la catastrophe était arrivée à l’un de nous deux (Mathias ou moi), plusieurs réactions de Richard auraient été possibles:
- La moquerie: « oh oh oh! Tu vas être bonne pour tout ramasser. »
- L'engueulade: « C'est malin! »
Ensuite, à quatre pattes en train de finir d'essuyer ses conneries, je dis:
«Il faut que j'aille au village.» C'est tout de même à lui de passer le coup de balai final! Je me lève... «Espèce de petite imbécile! Toujours un prétexte pour te relever avec ton air de
mijaurée!» (Qu'est-ce que ça veut dire «espèce d'imbécile»?) «Veux-tu rester pour m'aider», etc.
Le truc est atroce car, vous voyez, la seule personne en qui j'avais confiance se met aussi contre moi. Et vous comprenez, je crois que quand ça va mal avec ses parents, tout le reste semble aller mal aussi. Car moi, je n'ai pas d'autres points d'appui. Je n'ai pas une solide bande de copains pour compter dessus. En plus, et c'est fondamental, mes parents sont divorcés et très différents; j'entretiens avec eux des rapports dissemblables... Ce qui fait que si avec les deux, ça va mal, c'est comme si c'était avec tout le monde! Ils représentent des mondes différents... S'ils étaient ensemble, ils formeraient un bloc compact; si ça clochait, boh! je me dirais: «Deux cons similaires qui s'aiment et qui me les cassent, c'est tout!» Mais franchement, dans ce cas, ça me fait trop douter de moi.
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Gisèle Grimm, la transcriptrice (Extrait de "La flambe"