"Je perds mon temps...“
Faut pas exagérer! Ariane n'a pas perdu son temps. La preuve, en écrivant comme elle l'a fait dans ses cahiers de mémoire, cela a suscité pas mal d'intérêt parmi les Chercheurs... qui cherchent et qui trouvent: regardez!
Mais Arianne est pessimiste! Elle écrit dans "Pommes", son cahier de mémoire:
Dimanche 26 octobre 1981 (14 ans)
[...] J’ai envie de partir avec ma
chambre vachement loin... de piller les magasins, de voler des habits (étant invisible), et puis aller me venger de certains. Mais vraiment, j’en ai marre de souffrir, j’en ai marre de mes
phantasmes : monstres, personnes hideuses. Ce sont des pensées qui me trottent dans la tête, qui sortent dans mes rêves, qui me font horriblement mal, que j’essaie de chasser de mon
esprit.
Vous savez, je ne sais comment écrire… je n’aime pas écrire… j’écris mal… J’ai eu des points de moins à ma rédact pour mon écriture. C’est dégueulasse. Je reste devant la feuille de la Pomme [nom du journal] sans rien écrire. Je perds mon temps, mais même je ne pourrai pas travailler, ma vie est courte… on ne vit pas longtemps… et que suis-je devant l’humanité ? Je suis une parcelle de milliards de l’univers… et c’est bizarre que cette petite chose soit malheureuse.
Ça se traduit comment ? Je suis démoralisée, culpabilisée, froissée, frustrée, blessée, bouleversée… J’aimerais qu’une fille mignonne blonde reste avec moi tout le temps – que nous partions au bahut ensemble, rêver ensemble, monter en cours ensemble, et la suite…
J’aurais vraiment besoin de ça, qu’elle s’occupe de moi seulement, qu’elle dise pas bonjour aux autres… Lili chienne... je regardais ses photos sur le mur. Elle est mignonne. Voui, voui… j’écris ce qui me passe par la tête. [...]
Gisèle Grimm,
transcriptrice et mère d'Ariane Grimm