Tout le monde connaît cette merveilleuse histoire des Lettres de mon Moulin d'Alphonse Daudet. Ariane adorait cette histoire! A sa demande, sa mère la lui lisait
souvent et, pour faire plaisir à la fillette, elle y mettait le ton, vous pouvez me croire!
" Ah! Qu'elle était jolie la petite chèvre de M. Seguin!" ......
" Malheureuse, tu ne sais pas qu'il y a le loup dans la montagne!" ......
" Les genêts d'or s'ouvraient sur son passage, et sentaient bon tant qu'ils pouvaient" ......
" Tout à coup le vent fraîchit. La montagne devint violette ; c'était le soir." ......
" Hou! hou !... faisait le loup. - Reviens ! reviens !... criait la trompe." ...... " Alors le monstre s'avança, et les petites cornes entrèrent en danse." ......
" Enfin ! dit la pauvre bête, qui n'attendait plus que le jour pour mourir ; et elle s'allongea par terre dans sa belle fourrure blanche toute tachée de sang....." ...............
.................
Comme la maman d'Ariane ne pouvait lire tous les soirs l'histoire de cette Chèvre aventureuse et courageuse, Ariane décida de la réécrire et de se la raconter à
elle-même. La voici, telle qu'Ariane l'a écrite:
Il était une fois la chèvre de Monsieur Seguin
La chèvre de monsieur Seguin était pas heureuse dans ce tout petit
jardin! Monsieur Seguin se demandait pourquoi la chèvre qu'il avaitachetée étaitmalheureuse. Il demanda à sa chèvre pourquoi elle était malheureuse. La chèvre disa la chose.
La chose était qu'elle ne pouvait pas courir dans le jardin. Monsieur Seguin:
"Si tu veux aller à la montagne, tout en haut de la montagne, le loup te mangera, petite!" ......
Un jour, monsieur Seguin en a eu assez que la chèvre disait tout le temps la même
chose et il enferma la chèvre dans une cabane toute noire. Il oublia de fermer la fenêtre et vite, la chèvre sorta par la fenêtre et alla dans la belle montagne!
Quand la chèvre blanche arriva dans la montagne, tous les arbres se penchaient pour la
caresser, les fleurs s'ouvraient, tous s'attendrissaient, les petits oiseaux se mettaient sur ses cornes. Tous dansaient de joie!
Tout à coup, la nuit se mis à tomber et elle (la petite chèvre) arriva tout en
haut de la montagne ... et quelque chose arriva... s'approcha...C'était le loup!
....... Le loup la
mangea....
Ariane a, vous le savez, laissé traceen toute circonstancede ce qui se passait. Un vrai greffier!
On peut tout connaître de sa vie de petite fille en lisant ses lettres ou
son journal, ou même ses enregistrements sur K7 audio. En "classant" ses premières lettres, j'ai retrouvé celle-ci :
"Chère
maman, laisse ce n'est pas grave d'avoir cet humain devant la porte, sonne sinon ça le dérangerait."
Que s'était-il passé? ..... Au milieu de la nuit,Ariane - 7 ans - a entendu un coup de sonnette. Elle se lève et va ouvrir... Un homme est debout devant la
porte ! Elle réveille sa mère : "Maman ! Il y a un monsieur !" Les boules quiès de Mme Grimm l'ont empêché d'entendre ce
coup de sonnette ! On imagine à quelle vitesse la pauvre endormie s'est précipitée vers la porte et l'a refermée au nez du SDF (à l'époque, on ne disait pas encore "sans domicle fixe") qui, la porte refermée, s'est endormi sur le paillasson... Le lendemain matin, Ariane émue, a invité sa chère maman à ne pas déranger
"cet humain" endormi qui, en effet, putsereinementse reposer . C'était en l'an 1974....
Heureusement, Ariane avait préparé mon travail dans cet archivage qui n'en finit plus! Eh oui! Elle a fait des dossiers, et même écrit des mots en tête de chacun des
sous-dossiers:
Limine est un personnage qu'elle avaitinventé vers 10 ans.
Limine est une de mes filles héroïnes. C'est un cow-boy féminin.
Aussi, dans les 35 livres de ses aventures, vous pourrez la connaître et voir sa vie dans "la vie de Limine" n°14.
Limine fut adorée par moi vers le 15 août 1978 et elle fut remplacée par Line vers mars 1978.
Vous pourrez tout savoir sur cette "héroïne cow-boy féminin" en jetant un oeil sur ce LIENdu site d'Ariane.
Ce matin, j'ai "travaillé" sur un autre dossier dans lequel on trouve trois sous-dossiers dont celui-ci
:
Il comporte environ 200 dessins! En les faisant défiler un à un, on comprend qu'Ariane, tel un grand peintre, s'est entraîné des dizaines de fois pour le tableau final
que voici :LIEN .
Mais il me faut ajouter que certaines de ces bandes dessinées et certains de ces dessins nécessiteront une autorisation parentale quand elles et ils seront sur le site (LIEN)... ce qu'il est facile de comprendre quand on regarde la provocante jeune fille ci-contre.
Voilà pourquoi il m'est utile de faire un choix : 200 dessins dans un seul dossier ! Mais rassurez-vous: je ne jette rien! Je garde tout "jusqu'à ce que plus rien de moi n'apparaisse".
Je continue mon travail d'archivage des écrits d’Ariane! Et plus j'avance dans l'épaisse forêt de cette
boulimie d'écriture et de dessins, plus il me paraît évident que la chère enfant n'a jamais - mais jamais !!! - poser ses crayons... les noirs, ceux en couleurs, ceux avec de l'encre... ses
pinceaux pour la peinture... et même sa petite Rémington dont, à 8 ans, elle se servait habilement, n’ayant pas, on s’en doute, d'ordinateur en 1975!
Et je suis souvent perplexe quand je vois certains « petits
riens » : Vais-je les éliminer... et donc les mettre (dans longtemps, après, après....) dans la poubelle... ou les ajouter à ceux déjà
choisis et que l'on peut même voir dans le site d'Ariane (LIEN) et (RE-LIEN) ???
Celui-là par exemple:
" Que de rien, que de plaisir à aller voler les laitues du jardin de tante Marie, dit l’escargot. Mais quand vient le beau jour,
M. (l’escargot) se cache. Et que de rien et de tristesse se fait Marie quand vient la pluie !"
?????? Au moins, ce petit rien ne sera pas définitivement perdu!
Pour les petits enfants, savoir écrire une histoire passe par une phase d’apprentissage qui n’a rien de
rigolo! Les lettres de l’alphabet sont des images vides qui ne représentent rien. Quand l'enfant sait enfin reconnaître les lettres, il lui faut maîtriser leur tracé!
Il lui faut aussi combiner, assembler, séparer les mots par des blancs et ne pas dévier de la ligne!! Certes,
une fois ces bases acquises, écrire une histoire devient très amusant que beaucoup d'enfants utilisent sans souci de l'orthographe.Ariane ne s'en est pas privée:
Dans une maison habitait une petite fille
qui s’appelait Carolinette.
Alors Carolinette se disait : « Je vais me promener par ce beau
temps [se bo ten] et elle s’en alla [sennala]. Et elle était (est tai) déjà dans la campagne comme il faisait beau !
Carolinette marchait... et elle commença à être
fatiguée.
Carolinette était perdue !
Carolinette se disait [se disè]: « Je suis perdue ! comment[coman]je vais aller dans
ma maison ?! »
Mais Carolinette se consola bien : une biche
l’aperçut.
La biche lui dit : « Ecoute, ne pleure pas ! Je vais te
protéger et après, j’essaierai [jésérè] de retrouver ta maman ! Et tout finissa par être une fête car Carolinette retrouva sa
maman.
Je continue à "épurer" l'ensemble des dessins, bandes dessinées et histoires illustrées faites par Ariane entre 5 et 16 ans afin de ne présenter que le
meilleur!
Et ce matin, en cherchant (dans un de mes agendas de l'époque) l'année pendant laquelle elle avait dessiné une BD intitulée: "Une
habitation en Afrique", j'ai retrouvé une petite remarquequ'Ariane avait faiteà 7 ans, et que j'avais
notée:
(Il n'y a aucun rapport entre la remarque d'Ariane et
la BD, sinon que les deux ont "paru" la même année.)
"Je suis trop grande pour jouer avec mes nounours et je ne peux pas les jeter à la poubelle... et je les aime toujours!!!
En fouillant dans les dessins, j'en ai trouvé un pour lequel je me fais la même
remarque que pour les nounours d'Ariane: Le jeter ou le garder ??? ......... Que merdasse! dirait Nettoue. Impossible d'insérer son
image!
Tant pis, je m'occuperai de ce dessin plus tard. En attendant, je reprends le petit agenda cité plus haut et je lis:
"Tu es dans un rêve, là. Cette nuit, c'était le jour. Et là, c'est
la nuit. Et le soleil nous a fait une farce."
"Voilà. C'est pour toi. Je te le donne pour toujours. Quand tu seras
morte, je le mettrai sur ta tombe."
Et devant le tableau d'une femme nue :
"C'est pas malin de mettre une dame comme ça. Après, elles ont
honte."
Je vous l'avais annoncé: "Philippe Lejeune, l'universitaire
chercheur qui se passionne pour ce qu'a écrit Ariane viendra la semaine prochaine à la maison pour se rendre compte des "limites du "corpus",
c'est-à-dire de l'ensemble des écrits, ..."
En effet, Il est venu hier à la maison!
J'avais tout préparé, vous l'imaginez! : - Les 17 cahiers de mémoire (LIEN) - Les histoires illustrées(LIEN) - Les bandes dessinées(LIEN) - Les chansons (LIEN: trouvez vous-même) - Les lettres... et les mots (LIEN: trouvez vous-même) etc... etc... etc...
Le tout empilé sur 4 chaises, 2 fauteuils, une grande table, une petite table, un lit (celui d'Ariane
(remplacé depuis, quand même!), les murs, une tablette de radiateur, STOP! NON !!!Il y en avait aussi par terre!
Au cours de cette visite, il m'a semblé que, pour Philippe, la difficulté était de choisir et de dire: "Ça
oui! Ça non!". Moi-même, je pensais qu'il fallait oublier certains trucs, par exemple, ceux contenus dans les dossiers que j'avais mis per terre, "sans intérêt" aurait dit Ariane. Aussitôt, j'entends Philippe dire:
"Non ! Non ! Faut tout inclure!"
Chut!Chut!Chut! Quand je me suis retrouvée seule deux heures plus
tard, j'ai ramassé un premier dossier, je l'ai ouvert, j'ai pris un dessin, un deuxième, un troisième, ... "Confisqué!"Chut!Chut!Chut!
Mais il y a une histoire que je ne supprimerai pas! Histoire vraie, sans doute!
Ce sont de beaux jours pour une petite fille nommée Nathacha. En allant à l'école sans pressement, Nathacha s'était fait deux
petites couettes. Tout le monde se moquait de Nathacha car elle avait des cheveux courts. Elle disa gentiment: "Je veux être gentille, mais [vous êtes pas] gentilles avec moi! Je ne vous ai pas
fait de mal ! ".
Les autres furent étonnés de sa gentillesse, et même la maîtresse lui dit : "Tu es ridicule avec tes couettes!".........
Nathacha ne répondit pas, mais elle enleva ses barrettes. On se moquit plus d'elle.
A la récréation, elle jouait enfin tranquillement avec ses copines.
Le Journal du Matin - à Paraître tous les 4 jours - une série de 10 numéros qu'Ariane a créée à l'âge de 11 ans.(LIENS). Pour l'archivage de tout ce qu'Ariane a écrit - je vous en ai parlé déja! - il m'est bien utile ce petit "Journal du Matin à
paraître tous les 4 jours" car on y trouve dans le journal n°4 une rétrospective de ses "oeuvres". "Ses oeuvres"?!!! Oui! Pourquoi
aurait-elle été modeste puisque personne (à part Grimm qui, à l'époque, s'appelait encore "Source") ne s'intéressait à ce qu'elle avait créé:
Transcription :Mes oeuvres (p.11-12)
...J’ai fait plein de livres et je décide d’être
écrivain,
...reporter, journaliste et détective.
...Vers 4, 5, 6, 7 ans : J’ai fait des histoires dessinées
diverses
...8 ans : carnet de potions que je continue ...(11
ans)
...9 ans/10 ans : Histoires : Vanie et Denis, La
colère,......
...Histoire de la Coquechef.
...10/11 ans : Histoire de Limine, carnets.
...Je lis beaucoup.
Dans une autre série "à paraître tous les semaines", j'ai trouvé une petite "Histoire
drôle". Bah! Pourquoi ne pas vous la faire lire?
Transcription : "Histoires drôles : Hi! hi! hi! ....
"Maman, je peux jouer du piano? - Oui, mais lave-toi d'abord les mains! - Mais je vais jouer que sur les touches noires!".
Une bonne nouvelle! Philippe Lejeune, l'universitaire chercheur qui se passionne pour ce qu'a écrit Ariane
viendra la semaine prochaine à la maison pour se rendre compte des limites du "corpus", c'est-à-dire de l'ensemble des écrits et ... il sera
bien obligé d'en limiter le volume qui risque denécessiter au moins deux à trois bibliothèques
(LOL).
Grimm ( la mère d'Ariane) s'est fait opérer de la cataracte mercredi matin. Tout s'est bien passé mais il ne
lui ai pas facile de lire sans de nouvelles lunettes!
Alors voici une histoire qu'Ariane a intitulée : "Je m'ennuie", histoire qui ne comporte que deux dessins et pas de texte du tout! Cette histoire fait partie du livre
"Les six contes" que la petite fille a écrit et surtout dessiné à 7 ans et demi, et dont vous pouvez voir
LE LIEN dans le site que "Grimm", c'est-à-dire moi-même, met à jour presque
chaque mois. C'est du boulot mais ça vaut la peine!
Une petite page du cahier de mémoire n°15 "Copper". Ariane (15 ans) est en vacances avec son père (Richard) et son petit frère (Mathias). Ses parents sont divorcés. Sa mère,
vous la connaissez: Ariane l'appelle GRIMM ou SOURCE... selon son humeur ou... les circonstances...
Lundi 26 juillet 1982 -
Le truc le plus mal qui
pouvait arriver arriva: je me suis engueulée à mort avec Richard(père
d'Ariane). Voilà: j'étais peinard en train de bouquiner quand j'entends un bruit terrible de verres cassés... de «flack!»... Richard
avait renversé la poubelle! Comme ses chiens, nous nous sommes amenés, Mathias(petit frère
d'Ariane) et moi, pour tout ramasser. Je dis comme ses chiens car si la catastrophe était
arrivée à l’un de nous deux (Mathias ou moi), plusieurs réactions de Richard auraient été possibles:
- La moquerie: « oh oh oh! Tu vas être bonne pour tout
ramasser. »
- L'engueulade: « C'est malin! »
Ensuite, à quatre pattes en train de finir d'essuyer ses conneries, je dis:
«Il faut que j'aille au village.» C'est tout de même à lui de passer le coup de balai final! Je me lève... «Espèce de petite imbécile! Toujours un prétexte pour te relever avec ton air de
mijaurée!» (Qu'est-ce que ça veut dire «espèce d'imbécile»?) «Veux-tu rester pour m'aider», etc.
Le truc est atroce car, vous voyez, la seule personne en qui j'avais
confiance se met aussi contre moi. Et vous comprenez, je crois que quand ça va mal avec ses parents, tout le reste semble aller mal aussi. Car moi, je n'ai pas d'autres points d'appui. Je n'ai
pas une solide bande de copains pour compter dessus. En plus, et c'est fondamental, mes parents sont divorcés et très différents; j'entretiens avec eux des rapports dissemblables... Ce qui fait
que si avec les deux, ça va mal, c'est comme si c'était avec tout le monde! Ils représentent des mondes différents... S'ils étaient ensemble, ils formeraient un bloc compact; si ça clochait,
boh! je me dirais: «Deux cons similaires qui s'aiment et qui me les cassent, c'est tout!» Mais franchement, dans ce cas, ça me fait trop douter de moi.
...........
Gisèle Grimm, la transcriptrice (Extrait de "La flambe"
:
Description : Je suis la mère d'Ariane Grimm (1967-1985), dont vous voyez ici la photo. Ariane est une jeune diariste qui a beaucoup écrit et dessiné dès l’âge de sept ans et demi… et jusqu’à dix-huit ans. Après sa disparition dans un accident de moto, j’ai fait publier les dernières pages de son journal chez Belfond (1987), puis « j’ai lu » (1988), et je publie ici ce qu’elle avait précieusement « archivé » et qu’elle appelait ses «œuvres": des pages de son journal que je présente en liaison avec l'actualité, ses histoires inventées ou... qui se sont réellement passées, ses bandes dessinées, ses conseils donnés dans un "livre de potions"... Vous trouverez aussi toutes les actualités concernant cette petite fille "écrivaine" et dessinatrice.